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 Découpage 2010

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     Le découpage Marleix relève d'une ligne de conduite précise: celle de changer le moins de circonscriptions possible, pour éviter le plus de remous politiques possible. Mais en figeant par avance une partie de chaque département, le reste de ceux-ci est devenu plus compliqué à redécouper, d'où ce nombre très élevé de recours au passage à travers les cantons ou au découpage rue par rue. 82 circonscriptions (87 en incluant les cas d'enclaves corrigés à bon escient) sur les 330 retouchées ou créées (sans compter les Français de l'étranger) sont cette fois concernées par cette pratique, contre 49 en 1986 dans les mêmes circonscriptions. C'est beaucoup. La lettre de la loi, qui demandait que cela restât limité à des cas exceptionnels et dûment justifiés n'est plus respectée, si le mot "exceptionnel" a encore son sens du dictionnaire. Le pire est que le résultat de ces contorsions est déplorable, et laisserait sans argument le porte-parole de tels découpages, très tortueux à travers trop de circonscriptions.
    Dans 7 départements, le redécoupage est irréprochable d'un point de vue géographique (Charente, Indre, Manche, Hte-Saône, Hte-Vienne, Guyane, Réunion). 2 autres, impeccables au 3 juillet, viennent d'être endommagés par les rectifications de dernière minute (Gironde, Guadeloupe). Dans presque une dizaine d'autre, c'est l'entièreté des circonscriptions qu'aucun géographe ne pourrait cautionner, avec les cas extrêmes des 4e de la Somme et 5e du Vaucluse. Dans plusieurs cas, on ne peut se rendre par la route d'un bout à l'autre de la circonscription!
    Entre ces deux extrêmes, l'observateur pourra trouver tous les degrés de qualité de découpage, du département recélant une seule circonscription plus ou moins mal découpée au département à quasi-totalité de circonscriptions indéfendables d'un point de vue géographique.
    Vous pourrez admirer ces circonscriptions, sur fond de relief, à partir du menu déroulant placé à gauche.

    En France comme dans la majorité des pays démocratiques, jamais le pouvoir politique n'a accepté de confier le découpage politique de son territoire à des gens compétents mais non politiques. La seule compétence demandée à l'heureux élu est de respecter scrupuleusement la loi, chose légère pour l'intellect, praticable par un secrétaire d'Etat ou par un haut magistrat. Non seulement il n'a jamais osé désigner quelqu'un de compétent dans le domaine territorial, mais il n'a jamais même envisagé de s'imposer des règles de cohérence géographique, au-delà des limites démographiques à ne pas dépasser, sauf en 1831 et en 1875, par raccroc, quand la loi avait contraint à respecter les arrondissements. Tout juste le ministre de tutelle accepte-t-il maintenant, du bout des lèvres et sous la pression, d'éviter les enclaves territoriales. Nous aboutissons donc périodiquement à une collection d'aberrations dans des découpages de fait purement électoraux. En ce qui concerne 1986, l'exemple le plus caricatural est celui des Alpes-de-Haute-Provence, explicité dans la page y consacrée.
    La conséquence la plus gênante tient dans ce que les députés représentent des circonscriptions composites, ce qui ne facilite pas leur travail, ni leur crédibilité puisque personne n'est omniscient. Dans l'exemple des Alpes-de-Haute-Provence, les deux parties principales de la 2e circonscription ne communiquent pas ensemble, et l'économie de cette circonscription rassemble ce qu'il y a de plus opposé au sein de ce département. Malheureusement, les deux circonscriptions, par le hasard de la démographie locale, n'ont aucune raison d'être remodelées cette fois...

    Mais plus désopilant il y a. En effet, si M. Alain Marleix aidé d'Hervé Fabre-Aubrespy avait bien réalisé un découpage politique en 1986, si les socialistes alors dans l'opposition avaient bien attaqué ce découpage sur ce thème de l'incohérence géographique dans leur recours auprès du Conseil constitutionnel, ceux-ci se contredisaient selon les départements. Car ici ils pestaient contre un manque de cohérence avec justesse, là ils vilipendaient un découpage au demeurant assez respectueux de la géographie locale, mais arrangeant la droite et pas la gauche. Dans ce second cas de figure, les socialistes ignoraient la question géographique et demandaient un "équilibre politique", réclamant sans le dire une proportionalité politique des sièges à l'échelon départemental, ce que jamais aucune loi électorale n'a édicté. Par exemple la Loire-Atlantique, où la 8e circonscription était dénoncée comme une "réserve de Peaux-Rouges" parce que le gouvernement y avait concentré les cantons les plus à gauche de l'ouest du département, mais ce faisant avait respecté l'homogénéité de l'estuaire de la Loire dans sa partie industrielle, qui a abouti effectivement à une concentration d'ouvriers, votant donc à gauche. La géographie économique locale arrangeait le pouvoir dans ce cas-là, il l'a respecté; ce respect ne faisait pas les affaires de la gauche; elle l'a dénoncé.
    Soyons lucide; jamais un pouvoir politique dans un pays latin n'aura le courage de confier à des gens placés hors du jeu politique ou administratif (les hauts fonctionnaires ou personnalités décorées comme tous ceux figurant dans la Commission consultative dépendent du pouvoir politique pour leur carrière et leurs décorations) le soin de découper un territoire national. Et pourtant! De quelles facilités disposons-nous d'un point de vue matériel aujourd'hui pour réaliser ce rêve...
    C'est pour sortir de cette petite politique que je vous invite à constater par vous-même combien il est facile de travailler "proprement", en cliquant sur la liste des départements à gauche. (Je n'ai pas proposé de découpage pour tous, faute de temps.)